J'ai récemment vu à la télévision un reportage passionnant sur le phénomène branché des "locavores". Cette mode qui se développe désormais en Europe répond à une discipline alimentaire nouvelle : s'alimenter de produits dont l'origine géographique est située à moins de 200 kilomètres de notre assiette.
Les avantages sont en effet nombreux : protéger l'environnement en réduisant le nombre de tonnes d'aliments arrivant par avion puis camion, réduire le "bilan carbone" en diminuant les quantités de produits cultivés dans des serres surchauffées façon "tropiques", favoriser au contraire les cultures agricoles locales et sauvegarder par là-même nombre de produits régionaux en voie de disparition.
En deux mots : conserver une culture locale et résister à l'uniformisation alimentaire !
Le reportage décrit en long et en large tous les avantages de cette mode un peu "bobo", et nous démontre pourquoi il est nécessaire de préserver notre "exception culturelle" alimentaire et agricole.
Nous sommes d'ailleurs parfaitement sur cette ligne. A l'heure du libre échange déloyal et de l'uniformisation imposée, apprendre que de nombreux citoyens - souvent jeunes et motivés - cherchent, par leur comportement alimentaire, à préserver leur environnement et les cultures locales constitue une véritable bouffée d'oxygène.
Je ne pouvais néanmoins m'empêcher en écoutant les divers témoignages illustrant le propos de remarquer à quel point cette mode se voulait pour ses adeptes progressiste, moderne ou encore révolutionnaire. A aucun moment n'était évoquée la notion - souvent décriée - de conservatisme.
Or, que sont ces jeunes "locavores" si ce n'est de fantastiques conservateurs ?
Conserver une jolie chose - un terroir, une culture, une tradition, un langage - ne devrait jamais être compris comme un repli sur soi. C'est au contraire la plus belle façon d'être fier de ce que l'on est, le préalable indispensable à la découverte de l'ailleurs, à l'amour de l'autre.
NDA